Quelque 28.000 Belges souffriraient de burn-out. Ce nombre, qui est peut-être sous-estimé, le Groupe MR du Sénat veut le voir diminuer. D’où la proposition de résolution que les Sénateurs ont déposée à la Haute Assemblée.
Prévenir plus efficacement les risques de burn-out au travail : voilà est l’objectif poursuivi par la proposition de résolution déposée, lors de la séance plénière du 29 mars, par le Groupe MR du Sénat et, plus particulièrement, par la cheffe de groupe Anne Barzin ainsi que les Sénateurs Jacques Brotchi, Gilles Mouyard, Philippe Dodrimont et Olivier Destrebecq. Le tout avec le soutien de l’Open VLD via la Sénatrice Freya Saeys.
Le burn-out constitue en effet une problématique de plus en plus préoccupante. Le nombre de Belges qui en souffrent est actuellement estimé à 28.000 ; un nombre qui pourrait bien être sous-évalué dans le sens où de nombreux cas de burn-out n’ont pas été diagnostiqués comme tels.
Comme l’indique la proposition de résolution, « il semblerait qu’entre 2014 et 2017, le risque de souffrir d’un burn-out est passé de 10 à 17%… Le traitement de l’épuisement professionnel sera un des principaux enjeux sociétaux futurs ».
Le burn-out n’est pourtant pas un trouble des plus récents. Le terme a d’ailleurs été employé pour la première fois en 1970 (par le psychiatre américain Herbert J. Freudenberger) pour désigner l’évolution de l’état mental et de l’état physique du personnel médical d’un centre de toxicomanie.
Près d’un demi-siècle plus tard, le burn-out est observable dans toutes les professions, quel que soit le profit des travailleurs (femmes, hommes, employés, ouvriers…).
Trois types de causes
Ses conséquences sur la santé sont nombreuses et parfois très lourdes : difficultés de récupération physique et mentale, perte de contrôle cognitif, changements émotionnels, symptômes dépressifs, éloignement social et professionnel, perte de confiance en soi et en ses capacités, troubles de la santé…
Quant aux causes, elles peuvent être réparties en trois grandes catégories : société, travail et individu. Il s’agira, selon les personnes, d’une charge de travail lourde assortie d’une pression importante, d’un déséquilibre entre les vies professionnelle et privée, de conflits interpersonnels, d’un décalage entre les valeurs et attentes et les réalités de l’espace professionnel… et du manque de soutien ou de reconnaissance de na hiérarchie.
Par ailleurs, économiquement parlant, les cas de burn-out supposent aussi des absences de plus ou moins longues durées qui, inévitablement, impactent les organismes qui ont engagé les personnes souffrantes. D’un point de vue légal, le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle et ne donne donc pas droit aux indemnisations inhérentes à cette catégorie.
Les pouvoirs publics ne sont pas restés inactifs face au phénomène. En septembre 2014, par exemple, la notion de burn-out a été intégrée dans la définition des risques psychosociaux au sein de la loi du 28 février 2014. Grâce à l’arrêté royal du 28 octobre 2016, les possibilités d’accompagnement et de réintégration sont devenues plus rapides et mieux organisées.
Un projet pilote a également été développé en novembre 2018 à destination des secteurs bancaire et hospitalier, souvent concernés par la problématique du burn-out. Ce programme a pour but d’offrir aux personnes touchés un soutien adapté afin de les maintenir ou de les réintégrer dans le monde professionnel.
Des demandes aux gouvernements
C’est en tenant compte de ces différents aspects de la question que le Groupe MR du Sénat a élaboré la proposition de résolution précitée. Les Sénateurs libéraux y exposent une série de demandes à l’adresse des divers gouvernements du pays.
Au niveau fédéral, le texte veut inciter à plusieurs choses : développer les possibilités de télétravail ; poursuivre et élargir le projet pilote lancé fin 2018 ; poursuivre la reconnaissance du burn-out comme maladie liée au travail ; continuer à soutenir la création de groupes de travail dont les objectifs sont d’approfondir la thématique et de développer des outils de prévention et détection précoce.
Aux Communautés, la proposition de résolution suggère d’aborder davantage et dès l’école les questions relatives au bien-être, au stress, aux risques psychosociaux afin que la sensibilisation se fasse dès le plus jeune âge.
Enfin, aux Régions conjointement au Fédéral, les Sénateurs MR demandent de considérer l’importance des espaces d’échanges collectifs pour les travailleurs ; de mener une réflexion globale sur l’organisation du travail en abordant la notion de travail durable (une vision axée sur un travail motivant, moins stressant et où les opportunités d’apprentissage sont augmentées) ; d’insister sur l’importance des formations relatives aux risques psychosociaux auprès des travailleurs, employeurs et intervenants de soins de santé ; et de travailler à la prévention des risques psychosociaux en amont.