Une conférence sur le trafic d’espèces sauvages organisée par Christine Defraigne et Marie-Christine Marghem s’est tenue ce mardi au Sénat. L’occasion de faire le point sur une thématique dont l’importance ne cesse de croître.
Le trafic illégal d’espèces sauvages (animaux, végétaux) est très répandu à travers le monde et ne cesse de croître. Il est estimé à entre 10 et 20 milliards de dollars par an, atteignant ainsi le même niveau que les trafics de drogues ou d’armes.
De quoi exercer une pression sur les sociétés et écosystèmes locaux qui se retrouvent face à des problèmes tels que la surpêche, la pollution, la déforestation…
Rien d’étonnant, donc, que la Présidente du Sénat Christine Defraigne et la ministre fédérale notammment de l’Environnement et du Développement durable Marie-Christine Marghem unissent leurs forces pour organiser une conférence au titre évocateur de « Le commerce illégal d’espèces sauvages : Jackpot pour la criminalité transnationale? ». Un événement qui s’est déroulé le mardi 6 mars dans les installations du Sénat.
Si Marie-Christine Marghem s’est chargée des conclusions de cette matinée, c’est Christine Defraigne qui a introduit les débats.
« En tant que responsables politiques, cette journée nous rappelle notre devoir urgent en la matière, a d’emblée souligné la Présidente du Sénat. Plusieurs menaces pèsent lourdement sur les espèces sauvages. Nous n’envisagerons pas aujourd’hui les effets nocifs du réchauffement climatique ou de la pollution mais les dommages d’un comportement humain direct qui agresse les espèces sauvages. Partout dans le monde, les animaux sauvages sont piégés, abattus, empoisonnés et massacrés, uniquement à des fins commerciales. »
Et la Présidente du Sénat d’illustrer son propos en citant le National Geographic selon qui, chaque année, près de 33.000 éléphants sont victimes du braconnage pour leur ivoire. Sans parler des rhinocéros : 13 ont été tués en 2007 en Afrique du Sud… contre 1.175 en 2018. L’ONU relève justement que le prix de leur corne est coté à 65.000 dollars le kilo, soit bien davantage que le cours de l’or.
« Force est de constater que ce trafic relève de plus en plus du crime organisé…, a continué Christine Defraigne. Des liens avec le blanchiment de capitaux provenant du trafic de drogues ou d’armes sont par ailleurs signalés. »
Le problème ? « Des législations internationales et européennes existent, note la Sénatrice liégeoise. Mais ces outils sont-ils suffisants ? La lutte contre le commerce illégal d’espèces sauvages est complexe et l’inventivité des trafiquants sans bornes… Sans compter que les Etats n’ont pas tous adopté une législation nationale adaptée qui permette la répression de tels actes criminels. »
Quid de la Belgique ? Comme l’a noté la Présidente du Sénat, « des espèces sauvages protégées sont régulièrement contrôlées et saisies dans nos aéroports« .
Reste que la problématique relève, sans surprise, de plusieurs niveaux de pouvoirs. D’où l’intérêt de se pencher sur la question au sein du Sénat, dont les compétences transversales ne sont plus à démontrer.