Yves Evrard a présenté la position du MR par rapport à la mise à l’emploi des personnes en situation de handicap. Une proposition de résolution que le Groupe MR a soutenue.
Le jour était quasi parfait : au lendemain de la journée mondiale du handicap (9 octobre), le Sénat a approuvé en séance plénière une proposition de résolution relative à la mise à l’emploi des personnes en situation de handicap.
Un point que le Groupe MR a logiquement soutenu, comme l’a expliqué à la tribune Yves Evrard.
Voici, ci-dessous et en intégralité, l’intervention du Sénateur de Neufchâteau:
« Permettez –moi tout d’abord de remercier mes collègues pour le travail accompli tout au long de la rédaction de ce projet et particulièrement Valerie De Bue, appelée à d’autres fonctions depuis lors. Merci aussi aux collaborateurs de mon groupe politique qui nous sont toujours d’une aide précieuse, tout comme le sont les services et secrétariat de commission.
La mise à l’emploi des personnes en situation de handicap sur le marché du travail régulier est un sujet important qui ne rencontre pas toujours – à tort – les préoccupations première des employeurs. Les statistiques et les chiffres enregistrés chez nous sont particulièrement révélateurs de la nécessité d’entreprendre des démarches à tous les niveaux de pouvoir. En ce sens, le travail de notre assemblée doit s’avérer porteur pour les différentes entités de notre pays, toutes concernées – et sans distinction – par cette problématique.
Le taux d’emploi des personnes handicapées sur le marché du travail régulier dans notre pays est insuffisant, c’est une évidence. A la fois au regards des objectifs fixés par nos différentes réglementations (nationales, communautaire, régionales, communales…) et cela tant au niveau du secteur public que privé. Mais insuffisant aussi au regard de ce que font nos voisins directs Européen.
Le taux en Belgique est de 40,7 % alors que la moyenne européenne est de 47,3 %. La moitié des pays de l’Union fait mieux que nous !
Dans la tranche d’âge des 20 à 64 ans, seules quatre personnes handicapées sur dix travaillent.
On le sait tous, l’emploi, – aussi difficile ou exigeant soit-il parfois – remplit sans conteste une fonction émancipatrice de l’individu, de surcroît lorsqu’il est en situation de handicap. Là aussi, les chiffres, les témoignages, nous révèlent que les personnes en situation de handicap, qu’il soit lourd ou plus léger , font l’objet de trop peu d’attention des pouvoirs publics et nous obligent à agir en cette matière.
Agir en amont, tout d’abord en proposant à ces personnes une formation solide, adaptée.
Actuellement, les travailleurs handicapés sont en général moins diplômés que la population globale. L’accès des personnes en situation de handicap à un enseignement primaire, secondaire ou encore supérieur de qualité doit être une priorité des pouvoirs publics.
L’apprentissage sur le lieu de travail est également un élément clé. Il faut donc encourager les employeurs à proposer un apprentissage de qualité qui soit un facteur de tremplin professionnel. Les entreprises de travail adapté doivent s’inscrire dans la volonté d’offrir un tremplin vers l’accession à un travail régulier.
Les besoins du marché de l’emploi étant en évolution permanente, une collaboration régulière avec les différents acteurs doit être renforcée, afin notamment d’adapter continuellement les formations en tenant compte des niveaux de qualification des personnes et des besoins du marché.
Une collaboration étroite à tous les niveaux de pouvoir est également nécessaire. C’est en cela que la résolution indique la nécessité d’appliquer une approche interfédérale via notamment la convocation d’une conférence interministérielle ou encore via l’élaboration d’un plan interfédéral pour l’emploi des personnes en situation de handicap sur le marché du travail régulier. C’est une bonne chose.
Dans le secteur privé , la question des quotas imposés se doit d’être abordée :
Actuellement cette approche se borne à constater qu’il y a des personnes porteuses d’un handicap, handicap qui en devient un marqueur indélébile de notre société. Le risque de stigmatisation existe alors bel et bien. Le quota ne valorise donc que le handicap, alors qu’il est pourtant fondamental de valoriser la compétence des individus. Nous devons à ce niveau veiller à limiter – voire abolir – la perception négative de l’embauche des personnes en situation de handicap.
Je suis convaincu que l’accès au monde professionnel est une condition capitale pour la bonne insertion sociale et l’autonomie financière des personnes en situation de handicap. Le constat est là, en Belgique, le taux d’emploi de ces dernières accuse un certain retard par rapport à la moyenne européenne. Dès lors, il importe aujourd’hui plus que tout de lutter contre les discriminations et les préjugés qui ferment les portes du monde du travail aux personnes handicapées.
Je plaide, notre groupe plaide, pour rendre le marché du travail le plus inclusif possible en matière d’engagement de travailleurs handicapés. Cela doit passer par l’accompagnement des entreprises dans l’aménagement du lieu de travail. Les mots-clés doivent être l’accompagnement et l’incitation des employeurs.
La problématique de la perte d’emploi, est aussi un élément clé de cette problématique
Actuellement, lorsque la personne en situation de handicap perd son emploi et qu’elle a travaillé plus de trois mois, elle doit repasser par la procédure ordinaire et réintroduire une nouvelle demande d’allocation permettant de tenir compte de la cessation de l’activité professionnelle. Elle se voit donc contrainte de recommencer à zéro sa demande d’allocation par le simple fait qu’elle a travaillé plus de trois mois.
Cette situation est intolérable. Il est indispensable de prévoir un système qui permet, à la personne handicapée qui perd son emploi, d’éviter de devoir à nouveau parcourir toute la procédure et lui permettre de conserver immédiatement les droits acquis avant l’obtention de cet emploi. Le mécanisme de “l’allocation dormante” permettra à l’allocataire ne pouvant prétendre aux allocations de chômage ou aux indemnités de maladie après une période de travail, de recouvrer rapidement, notamment, son allocation de remplacement de revenus. Mon groupe a d’ailleurs introduit un amendement en ce sens.
La politique du handicap repose sur une responsabilité collective, qui engage les autorités publiques à différents niveaux de pouvoir. La présente proposition de résolution est un premier pas. Il nous faudra continuer le travail, nous devons entrer dans une culture de l’efficacité et du résultat.
A chacun d’entre nous d’être au sein de nos entités respectives, les porte-paroles de cette résolution pour que demain, à l’instar de certains de nos collègues européens, notre pays se hisse dans le peloton de tête de ceux pour qui le handicap constitue une force plutôt qu’une faiblesse de notre société. »