Les femmes ne représentent qu’un tiers des indépendants en Belgique. Une réalité que le Groupe MR du Sénat veut améliorer : une proposition de résolution a été déposée en ce sens lors de la plénière du 29 mars. Le rôle de l’école dans les changements de mentalités y est souligné.
Pas besoin de rappeler combien le Mouvement réformateur accorde l’importance (qu’ils méritent) aux indépendants. Ces travailleurs incarnent en effet des acteurs majeurs de la vie économique et ce à de multiples égards.
En 2017, les indépendants en Belgique étaient de plus de 1.011.000 (un record), dont 72.000 qui l’étaient devenus au cours des quatre années écoulées. Une évolution dont il faut se réjouir même si, d’un autre côté, les femmes ne constituaient que 33% de ce nombre alors même qu’elles représentent la moitié de la population active… Cette proportion est également à mettre en parallèle avec le fait que moins d’un septième des fondateurs de start-up sont des femmes. Et au niveau des employeurs, c’est un cinquième.
L’espoir reste cependant de mise : entre 2007 et 2015, le taux de croissance des femmes indépendants était plus marqué que celui des hommes. La marge de progression existe donc bel et bien… et doit être encouragée ! Il existe en effet une corrélation positive entre la performance économique d’une entreprise et le degré de mixité de son équipe dirigeante (comme le souligne la Commission européenne dans son rapport « Entreprenariat 2020 »).
Il s’agit donc d’adopter de faire du soutien à l’entreprenariat féminin une priorité en répondant aux obstacles qui freinent ou arrêtent les femmes qui tentent leur chance dans le monde de l’entreprise. C’est en ce sens que le Groupe MR du Sénat a déposé, lors de la séance plénière du 29 mars, une proposition de résolution cosignée par la cheffe de groupe Anne Barzin mais aussi le Président de la Haute Assemblée Jacques Brotchi ainsi que leurs collègues Gilles Mouyard, Yves Evrard, Olivier Destrebecq, Philippe Dodrimont et Jean-Paul Wahl.
Le texte des Sénateurs MR se réjouit des actes déjà posés par le gouvernement fédéral. Le plan approuvé en 2016 prévoit notamment le passage du congé de maternité de huit à douze semaines pour les indépendantes, l’exemption du paiement des cotisations sociales pendant le trimestre qui suit l’accouchement… En 2017, le même exécutif a décidé de généraliser et simplifier l’octroi des titres-services pour les mères indépendants.
Reste que d’autres mesures seraient également envisageables, comme le précise la proposition de résolution. La question des représentations sociales qui ne placent pas la femme comme « modèle de chef d’entreprise » pourrait ainsi être abordée au sein des écoles, entreprises, organismes de formation ou auprès du grand public afin de changer les mentalités.
Un accent particulier est donc mis sur l’enseignement. « Les enfants ne doivent pas être enfermés dans des stéréotypes de genre qui les incitent à suivre une voie professionnelle plutôt qu’une autre, estime notamment le texte. Il s’agit d’autre part de sensibiliser les étudiant(e)s dès le plus jeune âge à l’esprit d’entreprise et encourager les formations portant sur différents aspects de la création, de la gestion et de la prise de risque. »
Et la proposition de terminer en soulignant que « la promotion de l’entreprenariat féminin est une problématique qui relève d’un grand nombre d’acteurs, publics et privés, agissant à différents niveaux de pouvoir ».
C’est en ce sens que le texte des Sénateurs MR énonce plusieurs souhaits adressées aux divers gouvernements du Royaume.
A commencer par le fédéral. Il lui est notamment demandé d’offrir une information et une formation sur les possibilités existantes et de soutenir les organismes pourvoyeurs d’accompagnements au démarrage d’une activité entrepreneuriale.
Autres idées : réaliser un cadastre de l’emploi féminin à temps plein et partiel, promouvoir l’emploi dans les secteurs où une carence en femmes est constatée, favoriser la féminisation de certains métiers (par exemple via le recrutement, les appels à candidatures…) ou encore faciliter la conciliation entre les vies professionnelle et familiale en promouvant des horaires flexibles, le télétravail, les titres-services pour la garde d’enfants…
Aux Régions, la proposition de résolution suggère de soutenir les hommes et femmes qui éprouvent le plus de difficultés à accéder au crédit et favoriser la féminisation de certains métiers (au travers de formations, de tutorat, de liens avec le monde de l’entreprise…) ; de proposer systématiquement aux demandeurs d’emploi qui s’inscrivent à un organisme de formation une information consacrée à l’opportunité de l’auto-entreprenariat et aux soutiens inhérents.
Last but not least, le texte du Groupe MR au Sénat demande aux gouvernements des Communautés d’assurer un enseignement qui libère les enfants des stéréotypes de genre (avec une attention sur les manuels scolaires) ; de sensibiliser les étudiants à l’esprit d’entreprise ; d’intégrer davantage dans les programmes scolaires l’idée d’égalité entre les femmes et les hommes ; ou encore de favoriser l’usage de guides et outils pédagogiques qui font la promotion d’une culture d’ouverture, de diversité et de reconnaissance des différences.