La Sénatrice Anne Barzin s’est penchée sur la recrudescence de cette maladie en Belgique et en Europe via une question écrite.
La rougeole est au centre d’une question écrite adressée récemment par Anne Barzin à Maggie De Block, ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique. Un sujet qui se justifie aisément : depuis quelques années, plusieurs pays européens ont constaté une recrudescence des cas sur leurs territoires respectifs.
Cette hausse s’est poursuivie ces derniers mois. Le seuil épidémique a même été atteint, notamment en Belgique (les derniers chiffres font état de 300 cas en Wallonie depuis janvier 2017).
La Sénatrice namuroise rappelle qu’en Belgique, « seul le vaccin contre la polio est obligatoire ; celui contre la rougeole fait partie du programme de vaccination proposé (deux doses sont recommandées : à 1 an et vers 11 ou 12 ans). »
A noter que le sujet est pleinement transversal dans le sens où ce sont les entités fédérées qui sont en charge de la promotion de la santé et de la prévention tandis que le fédéral, par l’entremise du Conseil supérieur de la Santé, peut remettre des avis sur les programmes de vaccination.
Et Anne Barzin de poursuivre sa question écrite en interrogeant la ministre sur trois points précis :
le nombre de cas déclarés en Belgique cette année et le taux de couverture du vaccin contre la rougeole ; la position du Conseil supérieur de la Santé sur le sujet ; et les possibles actions menées afin d’assurer une vigilance spécifique ainsi que les recommandations éventuellement données aux entités fédérées en matière de prévention.
La réponse de la ministre De Block est parvenue au Sénat le 9 octobre 2017.
La voici:
1) Selon les données « préliminaires » recueillies par le Institut scientifique de santé publique (ISP) à partir de différentes sources (déclarations obligatoires, laboratoires vigies, réseau des médecins généralistes et des pédiatres Pedisurv et Centre national de référence pour la rougeole, les oreillons et la rubéole), 356 cas de rougeole ont au total été enregistrés entre le 1er janvier et le 31 juillet 2017. Ce chiffre est supérieur à ceux des dernières années, qui oscillaient entre 43 et 77 cas entre 2013 et 2016. Parmi les 356 cas, 28 % touchaient des enfants de moins de cinq ans et plus de la moitié (55 %) des personnes âgées de quinze ans et plus.
Ce nombre de cas élevé en 2017 est imputable à une épidémie survenue en Wallonie entre janvier et mi-mai 2017, avec un pic atteint au mois de mars (semaine 10). 289 des 356 cas observés (soit 81 %) l’ont été en Wallonie.
L’épidémie s’est limitée à la Wallonie. La Flandre a enregistré 42 cas en 2017, dont près de la moitié (19) associés à un cluster isolé dans la prison de Gand fin juin 2017. En 2016, la Flandre en avait compté 24. En Région de Bruxelles-Capitale, 25 cas ont été rapportés en 2017. Ce chiffre est inférieur aux 35 cas recensés dans la Région en 2016.
En Belgique, le taux de couverture vaccinale est mesuré et surveillé par les autorités régionales responsables de la prévention et de la vaccination, à l’aide d’études menées environ tous les quatre ans auprès de jeunes enfants et auprès d’adolescents. En Belgique, le vaccin contre la rougeole est administré à l’âge de 12 mois et à l’âge de 10-12 ans (10 ans en Flandre, 11-12 ans en Wallonie), sous la forme d’un vaccin trivalent combinant rougeole, oreillons et rubéole (vaccin ROR ou RRO). Dans son objectif d’élimination, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe à minimum 95 % la couverture vaccinale à atteindre pour les deux doses du vaccin. La Belgique a déjà atteint l’objectif pour la première dose.
En Flandre, les études de taux de vaccination présentent également des données distinctes sur la vaccination RRO à l’âge de 10-12 ans (première ou deuxième dose). Dans ce cadre, le taux de vaccination s’élevait à 90,6 % en 2008, 92,5 % en 2012 et 93,4 % en 2016. Ces chiffres prouvent que le programme de vaccination chez les adolescents obtient un bon degré de participation. Ces données ne sont pas disponibles pour les autres régions, mais un schéma similaire est possible.
2) Le Conseil supérieur de la santé livre des recommandations en matière de vaccination, recommandations régulièrement revues. La dernière révision pour la vaccination contre la rougeole a eu lieu en 2013. Il existe une fiche sur la vaccination des enfants et adolescents dans le cadre du programme de vaccination de routine et une autre sur la vaccination de rattrapage chez les enfants, les adolescents et les adultes.
Lors de l’épidémie, des questions spécifiques ont été posées au CSS au sujet du case-management et de la vaccination dans ce contexte épidémique. Ces questions avaient principalement trait aux femmes enceintes et aux jeunes enfants âgés de moins de neuf mois. Le CSS a formulé des réponses, mais celles-ci n’ont pas encore officiellement été publiées.
3) La surveillance de la rougeole se fait en continu, même en dehors des périodes épidémiques. L’ISP recueille tous les mois des données à partir de différentes sources, les principales étant les notifications obligatoires et le Centre national de référence pour la rougeole, les oreillons et la rubéole.
La prévention des maladies infectieuses, comme la rougeole, relève de la compétence des entités fédérées. Les services de lutte contre les maladies infectieuses des différentes Régions réalisent des surveillances quotidiennes directes et appliquent des mesures spécifiques conformément aux directives existantes. La Flandre, la Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale ont toutes systématiquement appliqué ces mesures dès signalement d’un cas soupçonné de rougeole.
Afin de maîtriser et d’endiguer l’épidémie, les services wallons concernés (l’Agence pour une vie de qualité – AVIQ) ont pris toutes les mesures qui s’imposaient et les ont régulièrement adaptées au besoin en tenant compte des données de surveillance et des moyens disponibles. Des lettres ont été envoyées aux médecins, aux hôpitaux et aux centres d’accueil pour demandeurs d’asile en Wallonie et à Bruxelles. Avec l’aide de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), les crèches ont également pu être informées à grande échelle. Il a été spécifiquement demandé aux hôpitaux et aux médecins d’isoler (par exemple, dans les salles d’attente) les cas soupçonnés. La population a également fait l’objet de communiqués de presse (AVIQ). Enfin, une attention particulière a été portée aux infections dans les hôpitaux, où la protection et la vaccination du personnel jouent un rôle important pour endiguer les infections rougeoleuses nosocomiales. Cela a été rendu possible grâce à l’aide des hygiénistes hospitaliers et des services de médecine du travail.
À l’échelle fédérale, une analyse consultative des risques a été mise en œuvre en février 2017 au sujet de la situation épidémique émergente en Wallonie et des difficultés y afférentes. Les différentes Régions et le service public fédéral (SPF) Santé publique ont été informés et consultés dans le cadre de cette analyse. Des questions spécifiques ont ensuite été envoyées au CSS. Depuis lors, des mises à jour de surveillance ont régulièrement été diffusées.
En outre, un « Comité pour l’élimination de la rougeole et de la rubéole en Belgique » a été créé en janvier 2003. Il est composé d’experts dans le domaine de la rougeole et de représentants des entités fédérées et du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement. L’Institut scientifique de santé publique assure le secrétariat et rend compte à l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC – Centre européen de prévention et contrôle des maladies) et au bureau régional européen de l’OMS. Le Comité surveille la situation en Belgique et recommande des actions à réaliser pour atteindre l’objectif d’élimination de la rougeole. Les entités fédérées sont compétentes pour l’application de ces propositions.
En mars 2017, le Comité a adressé une lettre aux ministres compétents de la Région wallonne, ainsi qu’une copie aux Communautés française et germanophone et au cabinet de la ministre de la Santé publique et des Affaires sociales, Maggie De Block. Cette lettre décrivait, entre autres, le défi que représentait la maîtrise de l’épidémie de 2017 et le besoin de moyens complémentaires si l’on entend réagir de manière efficace en cas d’épidémie et atteindre, à long terme, l’objectif d’élimination.