Le Sénat a récemment envoyé quatre de ses membres en mission parlementaire en Iran. Au sein de ce quatuor, deux Sénatrices MR : la Présidente du Sénat Christine Defraigne et Valérie De Bue. Retour sur ces quelques jours avec la seconde nommée.
Parties mardi dernier et revenues le dimanche 1er mai, juste à temps pour prendre part à la Fête du Travail du MR, les Sénatrices Christine Defraigne et Valérie De Bue n’ont guère eu le temps de souffler ou de jouer les touristes lors de leur mission parlementaire en Iran (préfacée ici-même par la Présidente). Un voyage constructif et instructif, à en croire la Sénatrice nivelloise.
Valérie De Bue, vous voilà de retour d’Iran. Quelles sont vos premières impressions ?
Ce fut très intense, avec un programme des plus chargés, des trajets souvent effectués de nuit, des rencontres de haut niveau avec le Président de la République, le Président du Parlement, le Président du Conseil de Discernement, le Ministre des Affaires étrangères, la Vice-Présidente en charges des affaires des femmes et de la famille… Bref, des personnalités qui comptent. Mais aussi avec des représentants de la société civile aux parcours de vie parfois étonnants voire époustouflants.
Discuter, c’est une chose. Mais de quels sujets ?
Nous avons abordé la situation internationale, du Moyen-Orient, de la Syrie… Et bien évidemment, les thèmes du terrorisme et du radicalisme. En matière de Droits de l’homme, nous avons eu des entretiens francs. De même que pour la peine de mort et les exécutions arbitraires. Nos interlocuteurs n’avaient pas de problème à parler de tous ces sujets en ce compris l’égalité entre les hommes et les femmes…
Et sur ce point, justement ?
La société iranienne évolue vers davantage d’égalité mais le chemin est encore long car la société iranienne est encore très traditionnelle et les mentalités sont tellement différentes. Nous avons plaidé pour une politique plus volontariste, comme par exemple, les quotas qui ont été instaurés en Belgique et qui ont eu un impact. Eux estiment que la situation doit évoluer de manière naturelle. C’est vrai que l’on constate une hausse constante du nombre d’étudiantes dans les universités et une plus grande implication des femmes dans différents domaines. Mais, il faut déplorer que les discriminations entre les femmes et les hommes en Iran restent si criantes!
Etait-il dès lors utile d’aborder ces diverses questions ?
Oui. C’est même important qu’à chaque mission, on puisse reparler de toute une série de thématiques. Même si nous nous attendions parfois aux réponses que nous avons reçues, nous nous devions de montrer notre intérêt et notre attachement sur certains points. D’autant que le dialogue est possible et qu’on sent un début de frémissement au sein de la population concernant une série de sujets tels que cette égalité hommes-femmes, un désir de davantage de liberté, de respect des droits fondamentaux…
En quoi l’Iran est-il « intéressant » aux yeux de la Belgique ? »
Suite à la levée des sanctions, l’Iran qui compte 80 millions d’habitants souhaite retrouver une place sur la scène internationale. Comme le précisent les Affaires étrangères belges, ce pays constitue un facteur de stabilité dans cette région du monde. C’est également une opportunité économique pour l’Europe et la Belgique, maintenant qu’un accord sur le nucléaire a été trouvé. La priorité des autorités est le développement économique de leur pays, qu’il s’agisse des industries, des ports, du tourisme, de la culture et aussi le cinéma… A nous de la saisir.
Comment la Belgique est-elle perçue en Iran ?
L’image de la Belgique y est positive. Il y a un réel respect envers notre pays. Ce qui nous a donné d’autant plus de poids les nombreuses fois où nous avons insisté sur la nécessité d’un dialogue. Car c’est le fait de se parler qui permet de faire avancer la situation à différents niveaux.
Pas de regret, donc, d’être partie…
Non. Même si, quand on m’a proposé de participer à ce voyage, j’avoue avoir longtemps hésité à répondre favorablement, notamment à cause de la condition de la femme, du port du voile… Là-bas, c’est la loi, pas moyen d’y déroger. Les hommes sont également soumis à code vestimentaire. Mais j’ai fini par me dire qu’au lieu d’avoir des préjugés, je ferais mieux d’aller voir sur place et de me faire ma propre opinion de la réalité. Et si je me suis retrouvée face à un choc culturel au sein d’un société fondamentalement différente de la nôtre, j’ai aussi découvert un beau pays à l’histoire très riche. Ce fut, pour moi, une chance de pouvoir le visiter.