Le rapport d’information consacré à la lutte contre la pauvreté infantile est présenté cet après-midi en séance plénière du Sénat. En front de bandière, pour le MR, le Sénateur Olivier Destrebecq qui, en tant que rapporteur, s’est penché sur la problématique de l’accueil extrascolaire. Interview.
La séance plénière du 26 février au Sénat restera dans les esprits pour la présentation du rapport d’information sur la lutte contre la pauvreté infantile. Un sujet qui est devenu, au fil des commissions, une spécialité d’Olivier Destrebecq. Petit tour d’horizon de la problématique avec le Sénateur louviérois.
Olivier Destrebecq, peut-on dire que ce rapport d’information est le fruit d’un long et important travail ?
Oui ! La première réunion de commission sur le thème de la lutte contre la pauvreté infantile date en effet du 20 mars 2015. Depuis, durant quasi une année, nous nous sommes attelés à l’élaboration et à la rédaction de ce rapport sur ce thème complexe et crucial qu’est la lutte contre la pauvreté infantile. Nous avons notamment mené de nombreuses auditions d’experts et de personnes-ressources, afin de mieux cerner une problématique qu’il n’a pas été simple de baliser tant elle est large.
Votre contribution s’est principalement axée sur l’accueil extrascolaire. Pourquoi avoir opté pour cette thématique précise ?
Tout d’abord parce que ce qu’on nomme parfois « accueil temps libre », qui en lien direct avec l’enseignement, relève d’une mission fondamentale en tant que service d’utilité publique. Il remplit des fonctions d’insertion sociale, de développement de la créativité, d’épanouissement intellectuel… Sans oublier qu’il soutient aussi la parentalité. L’accueil extrascolaire, c’est un troisième milieu de vie pour les enfants, à mi-chemin entre la vie au sein de la famille et celle passée à l’école. Il s’agit donc d’une vraie question de société !
Dans quelle mesure les problèmes détectés sont-ils importants ?
Quelques chiffres sont éloquents. Citons, par exemple, le Baromètre interfédéral de la pauvreté qui, en 2013, pointait que 69,5% des Belges n’ont participé à aucune activité sportive, récréative (mouvements de jeunesse, clubs divers, etc.) ou artistique. Chez les personnes dont le revenu est inférieur au seuil de risque de pauvreté, ce pourcentage montait même à 83,3%. Notons également par ailleurs que les enfants qui grandissent en situation de pauvreté participeront plus faiblement aux dispositifs sociaux et très peu fréquenteront plus tard des associations socioculturelles ou sportives. Les causes en sont nombreuses : manque de moyens financiers mais aussi de mobilité, confiance en soi ou en raison d’un sentiment d’exclusion vis-à-vis des autres.
L’état des lieux est malheureusement impressionnant. Quid des solutions?
Il nous a tout d’abord semblé essentiel de considérer l’accueil extrascolaire comme un service d’utilité publique. Nous avons aussi mis l’accent sur le besoin d’encourager une meilleure accessibilité financière aux accueils temps libre, via éventuellement la création d’un fonds spécifique. Il faut dire que, parfois, quelques euros à débourser constituent une barrière insurmontable pour certaines familles…
D’autres recommandations ?
Au niveau des infrastructures, une collaboration saine entre les écoles, les associations sportives et socioculturelles ainsi que les académies est primordiale. Cela histoire de permettre un accès aisé aux activités extrascolaires au plus grand nombre d’enfants. Parallèlement, pour pallier aux effets de la fracture numérique (toujours bien présente en Belgique), il s’agirait de favoriser les inscriptions des lieux d’accueil ne nécessitant pas de pré-inscription par Internet. Il faut impérativement que l’on puisse inscrire un enfant le jour-même sur place. Enfin, il nous semble important de décloisonner les âges d’accès aux structures d’accueil pour que l’enfant ou l’ado, habitué à fréquenter une garderie ou l’école des devoirs, ne doive pas faire face à des structures devenues subitement inaccessibles.
Il y a donc du pain sur la planche…
Oui, mais je veux rester optimiste. Car les enfants qui vivent en situation de précarité préoccupent grandement les pouvoirs publics. Il ne sera jamais vain, inutile ou superflu, pour la société, d’investir dans l’enfance. Mieux : c’est dès le plus jeune âge que nous pouvons, que nous devons, rompre le cercle vicieux de l’héritage de l’inégalité.