La commission des Affaires institutionnelles a commencé à travailler sur son prochain rapport d’information. Trois auditions d’experts ont déjà permis de cerner une partie de la question des potentialités et risques de l’intelligence artificielle.
Après avoir, lors de réunions précédentes, désigné les rapporteurs (dont le Sénateur MR Yves Evrard) et établi une liste de personnes ressources à interroger, la commission des Affaires institutionnelles du Sénat a véritablement commencé à travailler sur son prochain rapport d’information centré sur l’intelligence artificielle.
Plus exactement ? La nécessaire collaboration entre l’Etat fédéral et les entités fédérées en ce qui concerne les retombées, les opportunités, les potentialités et les risques de la société intelligente numérique.
Le premier expert a avoir été entendu puis interrogé par les Sénateurs n’était autre que Hughes Bersini, professeur à l’ULB, co-directeur du laboratoire Iridia (Institut de recherches interdisciplinaires et de développements en intelligence artificielle).
Après avoir notamment rappelé que l’informatique offrait d’importantes opportunités, Hughes Bersini a pointé la balance entre certains avantages et les pertes de liberté subséquentes (tax-on-web, thermostats intelligents…), citant également le cas des voitures autonomes et des priorités qu’il s’agira de définir. D’où l’idée d’un « Big Brother bienveillant » qui aurait en charge la gestion des transports publics, de la consommation énergétique, de la police prédictive, de l’accès aux études…
Concilier I.A. et vie privée
Quelques instants plus tard, c’est Yves-Alexandre de Montjoye qui a pris la parole. Cet assistant- professeur de l’Imperial College de Londres et chercheur au M.I.T. a fait le point sur l’aspct « protection de la vie privée », affirmant par exemple qu’il était possible de concilier l’intelligence artificielle et le respect de la vie privée.
Yves-Alexandre de Montjoye a entre autres expliqué que l’on était passé de la période où on étudiait le comportement humain à celle où les données récoltées permettaient de comprendre les comportements de toute une population. Avec l’interrogation sous-jacente : comment parvenir à collecter et utiliser des informations au niveau individuel tout en protégeant la vie privée de ce dernier ?
C’est Bernard Stiegler qui a clôturé la séance. Cephilosophe et directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou (Paris), a abordé la question des Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui « détruisent le monde », de Deep Blue, des cobots (robots dédiés à la manipulation d’objets en collaboration avec un opérateur humain), de l’augmentation généralisée de l’enthropie… Un exposé captivant qui fut, comme les deux autres, suivi d’une série d’échanges avec les Sénateurs.