Le Sénat adopte la résolution du MR : soutien total à l’Ukraine, pression maximale sur la Russie

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Ce vendredi 28 mars, à l’occasion du triste anniversaire des trois ans de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, le groupe MR au Sénat a fait adopter une proposition de résolution affirmant son soutien indéfectible à l’Ukraine et à sa population.

Ce vendredi 28 mars, à l’occasion du triste anniversaire des 3 ans de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, le groupe MR au Sénat a fait adopter une proposition de résolution marquant son soutien indéfectible à l’Ukraine et à sa population. Plus de naïveté. Plus de demi-mesure. L’Europe doit assumer un rapport de force avec la Russie.

Portée par notre chef de groupe Gaëtan Van Goidsenhoven et nos sénateurs Valérie De Bue et Jean-Paul Wahl, cette résolution insiste sur la nécessité de renforcer l’aide militaire, économique et humanitaire à l’Ukraine, d’intensifier les sanctions contre la Russie et ses alliés, et de garantir une réponse diplomatique forte pour faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité européenne.

«  La guerre en Ukraine n’est pas une guerre lointaine. C’est une guerre contre nos valeurs. Elle nous impose de sortir d’un confort géopolitique illusoire : la paix durable passe par la victoire ukrainienne » déclare Gaëtan Van Goidsenhoven.

Voici quelques chiffres qui ne traduisent pas seulement l’ampleur du conflit, mais aussi le basculement historique d’une Europe qui refuse de subir :

  • Depuis le début de l’invasion russe, plus de 11 000 civils ont perdu la vie, tandis que 8 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays, dont une partie vers la Belgique.
  • L’économie ukrainienne a été frappée de plein fouet, avec une chute brutale de 30 % de son PIB dès 2022.
  • Face à cette tragédie, l’Union européenne s’est mobilisée de manière inédite : 134,5 milliards d’euros ont été débloqués pour l’aide humanitaire, tandis que 43 milliards d’euros ont été consacrés à l’effort militaire, renforçant notamment l’interopérabilité avec les forces de l’OTAN.
  • Pour répondre à l’urgence, 500 millions d’euros ont été investis via le programme ASAP afin d’accélérer la production de munitions en Europe. Parallèlement, 15 trains de sanctions ont été imposés à la Russie, afin d’affaiblir ses capacités économiques et militaires.

Le Président du Mouvement réformateur Georges-Louis Bouchez l’affirmait à l’issue du sommet de la Démocratie : « L’Europe ne peut plus être la passagère naïve du monde d’hier. Elle doit se doter d’une véritable puissance stratégique ».

Notre résolution condamne explicitement les crimes de guerre, les attaques contre les civils et les infrastructures, ainsi que l’utilisation du viol comme arme de guerre, tout en rappelant l’urgence de documenter ces crimes et de poursuivre leurs auteurs, notamment à travers la Cour pénale internationale et un tribunal spécial pour le crime d’agression.

« Nous ne pouvons fermer les yeux sur les violences sexuelles massives, les déportations forcées, et les violations systématiques des droits humains. Les femmes, premières victimes invisibles de ce conflit, doivent être au cœur des préoccupations de la justice internationale. » souligne Valérie De Bue.

Avec cette résolution, le MR demande au gouvernement fédéral de :

  • Renforcer l’aide militaire, économique et humanitaire à l’Ukraine ;
  • Intensifier les sanctions contre la Russie et ses soutiens ;
  • Renforcer la cybersécurité face aux ingérences et intox russes ;
  • Faire de l’Ukraine un acteur central de toute négociation de paix ;
  • Stimuler la production d’armement européenne pour garantir notre autonomie stratégique ;
  • Renforcer la coopération militaire au sein de l’UE et de l’OTAN.

Le MR, plus que jamais, assume son rôle de force progressiste et responsable, en Belgique comme en Europe.

 

Retrouvez ici l’intervention complète de Gaëtan Van Goidsenhoven

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Trois ans.

Trois ans que l’Ukraine résiste, seule en première ligne, contre l’une des armées les plus brutales de notre époque. Trois ans que les Ukrainiens paient de leur sang et de leur liberté. Trois ans que nous regardons la Russie détruire des villes entières, assassiner des civils, violer des femmes, kidnapper des enfants. Trois ans que nous disons : « Nous soutenons l’Ukraine. »

Mais aujourd’hui, il faut aller plus loin. Parce que si nous soutenons vraiment l’Ukraine, alors nous devons l’aider à gagner. Si nous soutenons vraiment l’Ukraine, alors nous devons dire clairement que tout accord de paix qui légitimerait l’agression de Moscou est inacceptable. Si nous soutenons vraiment l’Ukraine, alors nous devons cesser de mesurer notre engagement à l’aune de notre lassitude.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas ici pour commenter l’histoire, mais pour peser sur son cours. Aujourd’hui, nous avons un choix à faire : céder aux voix du renoncement, aux sirènes de la résignation, ou affirmer, avec force et clarté, que nous ne trahirons ni l’Ukraine, ni l’Europe, ni nous-mêmes.

Ce conflit est un test. Un test pour nous, Européens. Un test pour notre détermination, pour notre solidarité, pour notre capacité à comprendre que ce qui se joue là-bas décidera de notre avenir ici.

Car ne nous y trompons pas : ce n’est pas seulement l’Ukraine que la Russie cherche à soumettre. C’est l’Europe tout entière qu’elle veut voir s’effondrer sous le poids de ses divisions et de sa faiblesse.

Soyons clairs : l’agression russe n’est pas une guerre comme une autre. Ce n’est pas un conflit entre États, une dispute de frontières. C’est une tentative brutale et méthodique de démantèlement d’un État souverain. C’est une déclaration de guerre aux principes mêmes qui fondent l’Europe et l’ordre international. Laisser Poutine gagner, c’est valider la loi du plus fort. C’est dire à chaque dictateur qu’il peut envahir son voisin s’il a assez de chars et de missiles. C’est condamner l’Europe à l’instabilité, à l’insécurité et, tôt ou tard, à la guerre.

Chers collègues,

Nous nous sommes trop souvent raconté des histoires.

En 2014, après l’annexion de la Crimée, nous avons pensé que Poutine se contenterait de ce territoire et que quelques sanctions suffiraient à le dissuader d’aller plus loin.

En 2022, lorsqu’il a lancé son offensive contre Kiev, nous avons espéré qu’il se heurterait à un échec rapide ; que l’Ukraine tiendrait et qu’en quelques semaines, quelques mois tout au plus, la Russie se retirerait, humiliée.

En 2023 et 2024, nous avons cru que les contre-offensives ukrainiennes allaient définitivement inverser le cours de la guerre.

Et nous sommes là, en 2025, à constater que la guerre continue. Que les lignes bougent peu, que les morts s’accumulent, que le soutien international vacille. Que les États-Unis hésitent. Que l’Europe, qui promet beaucoup, tarde parfois à livrer.

Nous sommes là, en 2025, à entendre des voix nous dire qu’il faut maintenant négocier, qu’il faut trouver un accord avec Moscou, que la guerre coûte trop cher, que l’Ukraine doit faire des concessions.

Mais je vous le demande : quelles concessions ?

L’Ukraine devrait-elle abandonner Donetsk et Louhansk ? Devrait-elle accepter que des millions de ses citoyens vivent sous une occupation russe brutale ? Devrait-elle tourner la page sur les massacres de Boutcha, d’Irpin, de Marioupol ?

Soyons sérieux.

Nous savons tous ce qui arriverait si nous poussions l’Ukraine à un « compromis » aujourd’hui. Ce serait un Minsk 3, une trêve temporaire, un gel des positions qui ne ferait que préparer la prochaine offensive russe, dans un an, dans cinq ans, dans dix ans.

Nous avons déjà vécu cela. Nous avons vu ce que les accords de Minsk ont produit après 2014 : un conflit larvé, des violations incessantes, puis une invasion totale.

Alors aujourd’hui, je vous le dis avec gravité : si nous laissons l’Ukraine perdre, nous préparerons notre propre défaite.

Chers collègues,

Nous sommes à un tournant. L’Europe n’a plus le droit d’être naïve.

L’histoire nous regarde. Ce que nous ferons – ou ne ferons pas – dans les mois à venir décidera de l’avenir de l’Ukraine, mais aussi du nôtre. Car ne nous y trompons pas : ce conflit n’est pas un affrontement lointain entre deux pays. Il est une épreuve pour l’Europe, pour l’Occident mais aussi pour la Belgique.

Car que nous apprend l’histoire ? Qu’aucune dictature ne s’arrête d’elle-même. Que chaque concession faite à un agresseur nourrit sa prochaine agression. Que chaque faiblesse nourrit sa prochaine audace.

Nous avons déjà trop tardé. Il a fallu l’horreur de Boutcha pour que nous comprenions qu’aucune négociation avec Poutine n’est possible. Il a fallu l’attaque contre la centrale de Zaporijjia pour que nous saisissions la gravité de la menace nucléaire. Il a fallu le sabotage des infrastructures énergétiques européennes pour que nous réalisions que nous étions aussi en guerre – même si nos villes ne brûlent pas.

Aujourd’hui, nous devons aller plus loin.

Dès lors, nous devons renforcer immédiatement notre soutien militaire. Pas demain, pas dans six mois, mais maintenant. L’Ukraine a besoin de munitions, de systèmes de défense aérienne, d’avions de combat. Elle a besoin d’armes pour tenir, et d’armes pour avancer.

Nous devons durcir nos sanctions. Non, la Russie n’est pas « à bout de souffle ». Non, le régime de Poutine ne vacille pas. Oui, il a subi des pertes colossales, mais il compense par la terreur et par une économie de guerre soutenue par la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Tant que Moscou pourra financer son effort de guerre, tant que ses entreprises pourront contourner nos sanctions en passant par des pays tiers, la guerre continuera.

Nous devons garantir à l’Ukraine son adhésion à l’Union européenne. Parce que l’Europe ne peut plus se permettre de rester à mi-chemin. Parce qu’un pays qui se bat pour défendre nos valeurs doit être accueilli parmi nous. Parce que c’est le seul signal de long terme qui puisse dire à la Russie : « Vous avez perdu. »

Enfin, nous devons nous préparer.

Car si l’Ukraine tombe, personne ne sait où s’arrêtera la Russie.

Certains pensent que l’OTAN suffira à dissuader toute nouvelle aventure militaire de Moscou. Peut-être. Mais peut-être pas.

Si demain, des « séparatistes » pro-russes apparaissent en Estonie, en Lettonie, en Moldavie, en Géorgie, que ferons-nous ?

Si demain, Moscou teste notre solidarité en provoquant une crise aux frontières de la Pologne ou de la Roumanie, serons-nous prêts à répondre ?

Nous devons comprendre une chose essentielle : nous sommes entrés dans une ère où la guerre n’est plus une hypothèse lointaine, mais une possibilité tangible.

Cela signifie que l’Europe doit se réarmer, et vite.

Cela signifie aussi que nous devons renforcer notre industrie de défense, mutualiser nos efforts, cesser d’attendre que les États-Unis fassent le travail à notre place.

Cela signifie, enfin, que la Belgique aussi doit prendre ses responsabilités. Augmenter notre budget militaire n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Contribuer à la défense de l’Ukraine, c’est investir dans notre propre sécurité.

Chers collègues,

Je sais que certains d’entre vous se disent que ce discours est trop alarmiste ; que ce type de résolution n’a pas sa place dans cet hémicycle.

Mais demandez-vous ceci : si nous avions tenu ces propos en 2014, en 2015, en 2016, peut-être que nous n’en serions pas là aujourd’hui. Demandez-vous comment les familles assiégées depuis trois, les soldats se sacrifiant au front accueilleront la nouvelle de notre soutien, celui du Sénat de Belgique. Est-ce réellement si inutile ?

Nous n’avons pas le droit de répéter les erreurs du passé.

Nous devons être lucides. Nous devons être fermes.

Nous devons soutenir l’Ukraine non pas par charité, non pas par émotion, mais parce que c’est notre intérêt stratégique. Parce que ce combat est celui de la liberté contre la dictature. Parce que nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons préserver la paix sur notre continent.

C’est pourquoi la résolution que je dépose aujourd’hui est une nécessité. Elle est un engagement ferme, sans ambiguïté. Elle condamne, avec la plus grande fermeté, l’agression russe et ses crimes de guerre. Elle appelle à intensifier notre soutien à l’Ukraine – militairement, économiquement, diplomatiquement. Elle exige que la Belgique et l’Union européenne renforcent les sanctions contre la Russie et ses alliés. Elle affirme que la paix ne peut pas être un marché de dupes où l’Ukraine serait contrainte de céder ses territoires pour acheter un cessez-le-feu temporaire. Enfin, elle s’inscrit dans la droite ligne des 3 résolutions déjà adoptées par notre assemblée lors de la législature précédente et souligne, par la même occasion notre constance.

Alors je vous le dis, avec force : adoptons cette résolution. Renforçons notre engagement. Restons aux côtés de l’Ukraine jusqu’à la victoire.

Et que plus jamais, l’histoire ne puisse dire de nous que nous avons manqué à notre devoir.