Colloque sur l’autonomie et la déficience mentale : comment favoriser l’inclusion ? – Intervention de Viviane Teitelbaum

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Le 21 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, le Sénat a accueilli le colloque « Autonomie et déficience mentale : comment favoriser l’inclusion ? » à notre initiative.

Cet événement s’inscrit dans la suite de la résolution portée par le sénateur Philippe Dodrimont, adoptée en séance plénière le 17 mai 2024. Experts, associations, responsables politiques et familles se sont réunis pour aborder les défis majeurs que rencontrent les 165 000 personnes vivant avec une déficience intellectuelle en Belgique, autour de thématiques clés comme l’accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins et à la vie citoyenne.

Pour conclure cette journée d’échanges, la sénatrice Viviane Teitelbaum a rappelé que l’inclusion des personnes porteuses d’un handicap intellectuel n’est pas un simple idéal, mais une exigence démocratique. En insistant sur la nécessité de traduire les engagements politiques en actions concrètes, elle a souligné l’importance de créer des environnements accessibles, de lutter contre les discriminations systémiques et de reconnaître pleinement la citoyenneté de chacun. Sa prise de parole a réaffirmé la volonté du MR de placer l’humain et la dignité au cœur de ses priorités politiques.

Retrouvez ici son intervention complète

Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,

En clôturant cette journée riche en échanges et en témoignages, je tiens tout d’abord à exprimer au nom de mon groupe, ma profonde gratitude envers l’ensemble des intervenant.e.s et organisateurs qui ont permis la tenue de ce colloque. Votre engagement est un moteur essentiel pour construire une société plus inclusive, plus juste et plus respectueuse de chacun.

Je suis désolée de n’avoir pu suivre en présentiel tous les débats, – je remplace mon collègue GVG qui regrette de ne pouvoir être là, mais je sais que ce fut une journée intense, marquée par des interventions de grande qualité, qu’il est nécessaire de mettre en lumière et de porter hors de ces murs.
Vous avez partagé des réflexions, des expériences et des solutions concrètes pour répondre à une question fondamentale : comment favoriser l’inclusion des personnes porteuses d’une déficience mentale ?

Cette journée a commencé en abordant une question essentielle : c’est à dire le regard que notre société porte sur les personnes en situation de handicap mental. Encore trop souvent, elles font face à des stéréotypes, à des discriminations, et à une forme d’invisibilité institutionnelle qui les empêche de prendre pleinement leur place en tant que citoyens à part entière.

Nous avons pris conscience de l’importance d’un changement de paradigme et de la nécessité d’une approche holistique de la problématique, fondée sur le droit et plus particulièrement les droits de ces concitoyen.ne.s.

Vous avez mis en avant l’évolution du cadre législatif et les nécessaires adaptations pour garantir une réelle autonomie aux personnes en situation de handicap mental. Il nous a aussi été rappelé – et évidemment nous en sommes conscient- que le combat pour l’inclusion doit être un engagement permanent. Et c’est aussi notre responsabilité. Également quant à l’accompagnement des familles dès l’annonce du diagnostic.

Il est clair que nous devons aller au-delà des textes et faire en sorte que les droits consacrés deviennent effectifs dans la vie quotidienne.

L’inclusion ne peut être complète sans une véritable intégration dans le monde du travail et de l’éducation. Pourtant, aujourd’hui encore, les taux de scolarisation et d’emploi des personnes porteuses d’une déficience mentale restent bien en deçà de la moyenne nationale.

Il faut inverser cette tendance et des exemples inspirants ont été apportés.

Un autre exemple, que je connais, c’est celui de la Ferme Nos Pilifs qui réussit à offrir des opportunités professionnelles réelles et valorisantes aux personnes en situation de handicap, en sublimant leurs compétences et en leur offrant un cadre adapté. Un modèle qui mérite d’être soutenu, multiplié et promu massivement.

Il a aussi été question de l’importance d’un enseignement spécialisé accessible et bien intégré dans le parcours éducatif global, permettant aux jeunes de se préparer au monde du travail tout en bénéficiant des aménagements nécessaires.

Car si des protections existent, elles restent encore trop souvent contournées ou mal appliquées. L’enjeu est donc double : adapter les dispositifs pour les rendre réellement inclusifs et sensibiliser les employeurs à la richesse que représente la diversité.

Une inclusion réussie passe par un accès garanti à des soins adaptés et à un accompagnement continu tout au long de la vie. Ce fut le sujet du troisième panel où on a insisté sur l’importance de soins de qualité et la réalité de la transversalité des soins, qui permettent aux personnes porteuses d’un handicap mental d’améliorer leur autonomie et leur qualité de vie. Il a aussi été souligné la nécessité de renforcer ces services et de garantir une prise en charge personnalisée, en tenant compte des spécificités de chaque personne.

Ce panel nous rappelle une chose fondamentale : le handicap mental ne disparaît pas à l’âge adulte. Il nécessite un suivi constant et quotidien, qui ne doit pas être une charge pour les familles mais une responsabilité collective de notre société.

Enfin, nous avons exploré une dimension souvent sous-estimée mais essentielle : le rôle du sport et de l’art dans l’inclusion.

Dans le dernier panel, on nous a présenté le formidable travail du Créahmbxl, qui permet à des artistes en situation de handicap mental d’exprimer leur talent et de trouver une place dans le paysage culturel. Pascal Duquenne, à travers son parcours exceptionnel, nous a montré que le handicap n’est pas une barrière à la réussite artistique. (Son engagement et sa carrière sont une inspiration pour nous tous).

Christine De Keersmaeker et Celine Ramaekers, de Special Olympics Belgium, ont, quant à elles, mis en avant l’impact du sport dans l’intégration des personnes porteuses d’une déficience mentale. Le sport n’est pas seulement un loisir, c’est un puissant vecteur de socialisation et d’estime de soi.

Ce colloque s’inscrit, en ces murs, dans une dynamique initiée par la Résolution déposée par le sénateur Philippe Dodrimont, avec le soutien de Special Olympics Belgium l’an dernier.

Cette résolution souligne des mesures concrètes à mettre en œuvre :

• Un recensement plus précis des personnes concernées, basé non sur des critères administratifs, mais sur leurs besoins réels.
• Une meilleure accessibilité des infrastructures sportives et culturelles.
• Une révision des dispositifs de soutien à l’emploi pour favoriser une intégration professionnelle effective.
• Une réflexion approfondie concernant le renforcement des aides aux soins et à l’accompagnement, notamment par la création de nomenclatures spécifiques à l’INAMI.

Mais une résolution ne suffit pas. Elle doit être suivie d’actions concrètes.

Car l’inclusion des personnes en situation de handicap mental ne doit plus être une simple promesse. Elle doit être une réalité tangible, portée par une volonté politique forte.