« La démocratie la plus accomplie du continent asiatique »
La proposition de résolution visant à renforcer la position de Taïwan au niveau de la sphère internationale a été adoptée ce 26 mars en séance plénière du Sénat. Le texte avait été initié par le Groupe MR.
C’était le 13 octobre 2020. Le Sénat, en séance plénière, prenait en considération une proposition de résolution initiée par Sabine Laruelle. L’objectif de ce texte ? Renforcer la position de Taïwan au niveau de la sphère internationale mais aussi préserver son intégrité.
Soutenue à l’époque par le MR (via Sabine Laruelle, Georges-Louis Bouchez, Philippe Dodrimont et Alexander Miesen) mais aussi l’Open VLD, le SP.A, Ecolo, Groen, le CD&V et le PS, la proposition de résolution a été examinée en commission des Matières transversales (où elle a été votée le 22 mars) pour être finalement adoptée en séance plénière ce vendredi 26 mars 2021.
En commission tout comme dans l’hémicycle, c’est Philippe Dodrimont qui s’est chargé de défendre, avec brio, le texte et la pertinence des buts poursuivis.
« La question de nos relations avec Taïwan et de son implication dans certaines organisations internationales est à nos yeux importante, a-t-il d’emblée souligné. Plusieurs raisons soutiennent ce point de vue. Je pense d’abord au fait que Taïwan est considéré comme la démocratie la plus accomplie du continent asiatique. Sa forme aboutie de l’Etat de droit et les efforts qu’il fournit pour protéger les droits humains sont importants. Diverses illustrations ont été données lors des discussions en Commission des affaires transversales, mais je tiens à souligner ici notamment la place des personnes LGBTQ+, l’attention portée aux populations indigènes, et bien sûr, l’égalité de genre. »
Faut-il rappeler qu’en 2016, Taïwan élisait sa première femme Présidente et que depuis une dizaine d’années, le pays s’attèle à éliminer les obstacles à l’accès au travail pour les femmes, améliorant par là leurs conditions de vie ?
« Il reste des points, et non des moindres, qui doivent faire l’objet d’avancées, a tempéré Philippe Dodrimont. Je pense notamment à l’abolition de la peine de mort, toujours d’application à Taïwan. Le gouvernement taïwanais devrait prendre des mesures visant à éduquer la société et engager un dialogue sur la question de la peine de mort. C’est là pour moi une question essentielle dont il faut pouvoir discuter. »
Le Sénateur d’Aywaille pensait aussi à la liberté de la presse, question qui illustre la qualité du débat démocratique : « Comme l’explique Reporters sans frontières, si les interférences de l’exécutif sont rares, des actions concrètes doivent encore être prises pour améliorer l’environnement médiatique. Si la Présidente Tsai Ing-wen a indiqué vouloir poursuivre les développements en la matière, des mesures concrètes doivent encore être engagées. »
La Belgique entretient en effet depuis longtemps des relations étroites avec Taïwan, notamment en matière de commerce et d’investissement, d’innovation, de tourisme, de culture et d’éducation. Il est à espérer que ces bonnes relations, contribueront à faire évoluer positivement le débat sur ces différentes questions.
Le texte mentionne également l’exemplarité de la gestion de la crise du Covid-19 par Taïwan. Le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès y est particulièrement faible et il faut le souligner. L’exclusion de Taïwan de l’OMS est donc dommageable alors qu’une inclusion pourrait être constructive. Une coopération multilatérale renforcée en matière de santé semble être aujourd’hui une nécessité. Il s’agirait, avec les partenaires européens, de soutenir les efforts diplomatiques visant à une meilleure inclusion de Taïwan dans les organisations internationales.
La coopération internationale est primordiale en matière de santé – la situation actuelle le prouve – mais elle ne doit pas s’arrêter là. Elle devrait se renforcer dans les domaines de la sécurité aérienne, du commerce, du changement climatique…
« Taïwan a démontré sa volonté et sa capacité à coopérer de manière multilatérale dans de multiples domaines, en ce compris en matière de paix et de stabilité, a conclu Philippe Dodrimont. Cela est d’autant plus relevant lorsque l’on connaît la détérioration des droits de l’homme en Chine, la situation à Hong Kong et la pression croissante de la Chine sur Taïwan pour une réunification. Une évolution pacifique de la situation dans le détroit de Taïwan est pourtant nécessaire à la prospérité, la sécurité et la stabilité de cette région et dans le Pacifique. »
C’est pourquoi il faut soutenir, au niveau bilatéral ou multilatéral, toutes les initiatives diplomatiques qui visent à atténuer les tensions et à réduire les menaces sur la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique. Il convient de pérenniser des relations équilibrées et constructives, tant avec la Chine (cela reste important !) qu’avec Taïwan, et de soutenir les initiatives qui incluront Taïwan dans les organisations de coopération internationale.
A noter que la proposition de résolution a finalement été approuvée par tous les groupes… à l’exception du PTB.