Un regard inquiet vers Bahreïn
Le Groupe MR du Sénat, par l’entremise de Philippe Dodrimont, a cosigné une proposition de résolution relative à la situation problématique des droits de l’homme dans cet Etat du golfe Persique.
Archipel situé dans le golfe Persique et relié à l’Arabie saoudite depuis 1986 par un pont, Bahreïn est notamment connu pour ses ressources pétrolières. Mais c’est pour de tout autres raisons que cet Etat se retrouve au centre d’une proposition de résolution initiée par le CD&V et cosignée par le MR via le Sénateur d’Aywaille Philippe Dodrimont…
Le texte pointe en effet de nombreux problèmes en matière de respect des droits de l’homme, dont des restrictions de plus en plus grandes imposées à la société civile, les atteintes à la liberté d’expression, à la liberté d’association et de manifestation ainsi qu’au niveau de l’application de la peine de mort.
Concernant le droit à la libre expression, la proposition de résolution signale entre autres qu’il « fait l’objet d’atteintes récurrentes de la part du régime, et les premières victimes en sont les défenseurs des droits de l’homme, les avocats, les journalistes, les activités politiques… mais le clergé et les manifestants pacifiques sont aussi muselés ».
Les chiffres officiels n’abondent pas. Le Centre européen pour la démocratie et les droits de l’homme estime que 4.000 personnes seraient actuellement en prison en raison de leurs convictions politiques.
La peine de mort est, elle aussi, au cœur du débat. En 2017, après un moratoire de sept ans, les exécutions ont repris. En 2019, trois personnes ont été exécutées. A l’heure actuelle, vingt-deux personnes se trouvent dans le couloir de la mort.
A cela s’ajoute le fait que « les interrogations sont nombreuses en ce qui concerne la régularité de la procédure judiciaire et surtout la manière dont les accusés auraient été contraints de faire des aveux ».
Cela alors que Bahreïn est signataire de plusieurs traités internationaux. Quelques exemples ? Le Pacte international de 1966 relatif aux droits civils et politiques ; la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; la Convention relative aux droits de l’enfant ; la Charte arabe des droits de l’homme…
La proposition de résolution fait subséquemment plusieurs demandes aux gouvernements du pays.
Exprimer leur inquiétude aux autorités bahreïniennes face aux violations des droits de l’homme et à la répression des droits démocratiques fondamentaux…
Rappeler aux autorités bahreïniennes que l’article 15 de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants interdit l’utilisation de déclarations obtenues par la torture comme éléments e preuve lors d’un procès.
Demander aux autorités de Bahreïn de ratifier le protocole facultatif de la Convention citée ci-dessus.
Insister auprès des autorités bahreïniennes afin qu’elles rétablissent un moratoire sur la peine de mort en guise de premier pas vers l’abolition de celle-ci et qu’elles accordent un nouveau procès aux personnes condamnées à mort…
Condamner fermement le recours à la peine de mort car elle est inhumaine et est inacceptable pour les Etats qui se sont engagés à respecter les droits de l’homme.
Insister auprès des autorités bahreïniennes afin qu’elles procèdent à la libération immédiate et inconditionnelle des activistes des droits de l’homme emprisonnés sur la base d’accusations liées à l’exercice de leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association ainsi que de tous les citoyens emprisonnés en raison de leurs opinions politique ou de leur appartenance à un parti ou à un mouvement politique.
N’octroyer aucune licence d’exportation vers Bahreïn de biens stratégiques qui pourraient être utilisés à des fins de violation des droits de l’homme.
Signataire pour le MR, le Sénateur Philippe Dodrimont a porté la parole du groupe lors de la séance plénière: « Notre groupe soutient la démarche multilatérale présentée dans cette proposition de résolution. Comme souvent, notre pays est à l’avant-garde de ces discussions et rappelle avec force, dans ses actions diplomatiques, le besoin de respecter les droits de l’Homme. Il n’est pas acceptable qu’un pays emprisonne des opposants politiques, pratique la torture et la peine de mort et empêche la tenue d’un procès équitable. Nous condamnons ces pratiques, qu’elles aient lieu à Bahreïn ou ailleurs. Nous soutenons cette proposition de résolution et souhaitons rappeler encore une fois notre attachement à une diplomatie européenne forte, qui constitue le moyen de pression le plus efficace sur le plan international. »