A Bucarest, le regard tourné vers l’espace
Yves Evrard a récemment effectué un séjour en Roumanie. Pas question de vacance mais bien de représenter la Belgique lors de l’importante 18e Conférence interparlementaire européenne sur l’Espace. Retour sur ces quelques jours avec l’intéressé.
M. Evrard, quelle était la raison de ce séjour à Bucarest ?
Il s’agissait pour moi de représenter le Sénat, et donc la Belgique, à la 18e session plénière de la Conférence interparlementaire européenne sur l’Espace. Cet événement a lieu tous les ans, chaque fois dans un pays différent. S’y retrouvent les Etats membres de l’Union européenne mais également d’autres, qui n’en font pas partie, comme le Royaume-Uni ou la Norvège.
Concrètement, cela débouche sur quoi ?
L’objectif est avant tout de s’informer, discuter, débattre… à propos de ce que fait l’ESA (Europen Space Agency, Ndlr) entre représentants politiques, experts, scientifiques… Bien qu’aucune grande décision se soit prise lors de ces rendez-vous, ils sont l’occasion idéale de faire le point sur les politiques menées et celles qui le seront à l’avenir.
Un sujet de discussion parmi d’autres ?
Nous avons notamment parlé sur le thème « Space and Security ». Un sujet vaste qui recouvre plusieurs significations. Il y a, par exemple, la problématique des déchets spatiaux comme les satellites devenus obsolètes mais aussi les débris, les vieux boulons détachés qui peuvent générer énormément de dégâts quand ils heurtent une structure dans l’espace. C’est aussi l’espace au service de la sécurité, la lutte contre le terrorisme par le biais des satellites d’observation, le visionnage des mouvements de migration, la prévention des catastrophes naturelles… Sur ce dernier aspect, difficile de ne pas pointer la grande expertise de l’Europe. Nous pouvons en être fiers. Enfin, plus largement, si l’espace appartient à tous, que tout le monde y a accès, il se doit d’être sécurisé afin d’y maintenir une certaine paix, afin d’éviter des actes malveillants… Bref, il est plus que temps de réfléchir à tout cela, à élaborer des traités…
Des récompenses ont également été décernées, à en croire le programme.
Divers projets ont concouru en lien avec le thème « l’espace pour le développement durable ». Le grand vainqueur ? Un Espagnol, Eric Herrerro, qui a imaginé et créé un logiciel permettant de mettre en évidence les routes maritimes empruntées par les bateaux des trafiquants actifs dans le braconnage. Le principe est simple : sachant que les bateaux empruntent normalement les trajets les plus courts pour aller d’un point A à un point B et connaissant les pays concernés par ces pratiques, il « suffit » de repérer les routes qu’il n’est pas logique d’utiliser.
L’ESA est une institution où la place de la Belgique n’est pas négligeable…
Et comment ! Notre pays participe annuellement à hauteur de plus de 200 millions d’euros au financement de l’ESA (dont nous faisons partie des fondateurs, c’est à souligner). En chiffres absolus, il s’agit de la 6e ou 7e plus grosse contribution. Mais, si on se base sur le montant par habitant, la Belgique est le deuxième pays qui contribue le plus.
Plus de 200 millions tous les ans, donc. Avec quelle efficacité ?
C’est bien simple : chaque fois que nous versons 1 euro dans l’ESA, on estime que ce sont 4 euros qui sont investis par cette dernière dans l’activité économique belge. Une réalité qui ne concerne pas que notre pays. C’est sans doute ce qui explique l’émergence d’autres Etats qui, au fil des années, tendent à prendre davantage d’importance au sein de l’ESA. Il est frappant de constater combien tout le monde a compris l’intérêt que cette dynamique représente pour le monde industriel national.
Combien de représentants politiques la Belgique a-t-elle envoyé dans la capitale roumaine ?
Un seul (moi, en l’occurrence) suite au renoncement en dernière minute de ma collègue Sénatrice Christie Morreale (PS). Pourquoi des membres du Sénat ? La raison est historique : jusqu’aux dernières élections fédérales, notre Assemblée disposait d’un groupe de travail Espace, qui a donc aujourd’hui disparu. Mais le Sénat continue d’être invité à ce grand rendez-vous annuel qui, l’an prochain, se déroulera en Estonie. Dans un sens, c’est logique vu que s’il y a bien une thématique transversale, c’est l’espace.
Ca, c’était pour 2016. Quid des années suivantes ?
En 2017, la 19e conférence se déroulera à Tallinn, la capitale estonienne. 2019, ce sera en Italie. Et 2020 sans doute en Norvège. Pour ce qui est de 2018, je verrais bien la Belgique accueillir à nouveau l’événement, comme ce fut le cas en 2013. Mais cela reste à confirmer.