Mieux transmettre l’histoire coloniale
Le Groupe MR a déposé une proposition de résolution visant à appréhender, transmettre et informer de façon plus pertinente l’histoire coloniale de la Belgique. Un texte qui met en avant plusieurs demandes aux gouvernements du pays.
Le passé colonial de la Belgique est au cœur de l’actualité et des discussions depuis déjà plusieurs semaines. Une actualité brûlante par moment qui se traduit régulièrement par divers souhaits voire certaines exigences.
« Effacer les symboles de notre mémoire serait contre-productif vis-à-vis de la réappropriation de l’histoire et, en particulier, de l’histoire coloniale, estiment toutefois les Sénateurs MR. Il serait, à ce titre, préférable d’opter pour une meilleure contextualisation de ces symboles… La Belgique doit faire face à ce passé colonial. Il lui appartient également d’ouvrir un débat de société éclairé sur la problématique. »
Le Groupe MR du Sénat a donc rapidement décidé de déposer une proposition de résolution qui a été prise en considération par la Haute Assemblée lors de sa séance plénière du 10 juillet dernier.
« L’établissement d’un devoir de mémoire relève de notre responsabilité politique, souligne le chef de groupe Gaëtan Van Goidsenhoven. Un travail historique considérable a été mené ces dernières décennies. Il fait aujourd’hui consensus chez les historiens. Il importe d’en prendre connaissance en réunissant les spécialistes qui font autorité dans l’étude de cette période… A l’inverse, il n’importe pas au politique d’écrire l’histoire. »
Lui-même historien de formation, Gaëtan Van Goidsenhoven ne cache pas que la période coloniale de la Belgique (ainsi que celle où le roi Léopold II était propriétaire du Congo avant d’en céder la souveraineté) doit faire l’objet d’un examen critique dans le cadre d’un débat de société tout en garantissant une certaine sérénité dans la discussion.
Le Sénat incarne dès lors d’endroit idoine de par sa faculté à se pencher sur des thématiques transversales qui touchent tant le fédéral que les entités fédérées, ses importantes archives historiques et parlementaires, sa faculté à travailler autrement que dans la précipitation.
La proposition de résolution déposée par Gaëtan Van Goidsenhoven, Georges-Louis Bouchez, Jean-Paul Wahl, Sabine Laruelle, Véronique Durenne, Philippe Dodrimont et Alexander Miesen pointe une série d’idées et de solutions potentielles.
Il s’agirait, par exemple, de davantage enseigner l’histoire coloniale du pays. « Cela donne lieu à des incompréhensions mutuelles mais aussi à des sentiments légitimes d’injustice », note le texte qui insiste plus globalement sur l’importance de la transmission et la compréhension des savoirs relatifs à ce passé.
Au niveau des lieux publics, la proposition de résolution des Sénateurs MR prône la coordination et la concertation afin d’envisager la création d’espaces mémoriels s’inspirant de personnes ou de groupes de personnes qui se sont opposés aux exactions, qui ont été victimes d’actes de violence pendant la période coloniale ou qui ont participé activement à la décolonisation.
En parallèle, plutôt que de déboulonner par principe, les pouvoirs publics pourraient apposer des plaques informatives (pourquoi pas munies de codes QR) à côté des statues susceptibles de heurter une partie de la population. Cela afin de permettre à tout un chacun de mieux appréhender les faits historiques dans toute leur complexité.
D’autres pistes de réflexion figurent dans le texte intégral de la proposition de résolution. Elles seront vraisemblablement discutées lors des travaux en commission du Sénat.
A noter que les autres groupes MR, que ce soit au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou à la Chambre, se montrent également très (pro)actifs sur le sujet de la colonisation.